Au bord du burn-out : comment repérer les premiers signes et prévenir l’épuisement ?

Date de publication : 05 mars 2023

Rédactrice : Séverine BREVET

Temps de lecture : 8 minutes

burn-out

Le burn-out est une épreuve de vie extrêmement difficile, pour soi comme pour ses proches. Quand on connaît les conséquences lourdes sur notre santé physique, émotionnelle et mentale, il est primordial d’arriver à poser ses limites avant de tomber dans un burn-out. Être attentif aux signes avant-coureurs pourrait vous éviter l’installation de cet état d’épuisement professionnel. Mais alors comment repérer ces premiers signaux de stress prolongé ? Découvrez comment détecter le burn out avant qu’il ne s’installe et comment le prévenir.

Le burn-out c’est quoi ?

Le burn-out survient dans le contexte d’une pression professionnelle intense sur le long terme, chez des salariés généralement hyper impliqués, qui “ se mettent la pression” sans s’imposer de limites. Il peut également toucher des chefs d’entreprises, des auto-entrepreneurs, des agriculteurs, etc. Aucune catégorie de la population n’est épargnée par ce syndrome.

Il est difficile de déceler les symptômes. Ils peuvent être attribués à d’autres pathologies.

Prêter attention aux signes avant-coureurs devrait prévenir l'installation de l’épuisement physique, mental et émotionnel. Cependant, il est fréquent que les victimes n’y accordent aucune attention. C’est souvent l’entourage qui tire la sonnette d’alarme.

Le point commun de toutes les victimes d’un burn-out est la valeur qu’elles accordent au travail et à l’effort. Ce sont des personnes fortes, passionnées par leur métier, très impliquées, persévérantes, positives, vigoureuses et enthousiastes. Ce sont des personnalités combattantes. Le burn-out est une maladie qui frappe de plein fouet ceux qui se disent “Je vais tout faire pour être à la hauteur”. Elles ont une attitude professionnelle exemplaire, une grande capacité de travail avec d’excellents résultats. Ce sont des personnalités solidaires qui ne savent pas dire non. Des personnes qui veulent évoluer, avancer et qui se donnent les moyens d’y parvenir malgré les obstacles et un environnement de travail, facteur de stress.

Elles attendent légitimement de la reconnaissance au regard des efforts qu’elles fournissent. Le fait qu’on ne leur exprime pas de reconnaissance est ressenti comme un affront. Mais ce sont des personnes qui ne baissent pas les bras, qui pensent que cela finira par arriver. Elles continuent donc à s’investir… Mais à défaut de reconnaissance, l'incompréhension s'installe et la perte d’estime de soi grandit.

La personne en burn-out se dit d’abord qu’elle est fautive. Quand on en arrive à l’effondrement, on ne croit plus en rien et certainement pas en soi. Au contraire, on remet en cause ses choix, sa personnalité, ses valeurs, ses croyances.

Repérer les signes annonciateurs d’un burn-out

Les signes annonciateurs du burn-out, tout comme les symptômes, sont nombreux et se confondent parfois. Les dissocier s’avère délicat tant les signaux d’alerte et le ressenti varient d’une personne à l’autre. 

Le burn-out affecte à la fois le corps, l’esprit ainsi que le rapport aux autres. Voici la synthèse des travaux menés dans le cadre de la 2ème édition des Samedis du burn-out, en 2017, basée sur 103 témoignages (1). Elle présente la liste des symptômes physiques, psychiques et comportementaux devant vous alerter :

Les signes et symptômes physiques

  • Fatigue persistante (vacances et temps de repos inefficaces)

  • Manque d'énergie

  • Troubles du sommeil : difficultés d'endormissement, insomnies, réveils nocturnes, sommeil non réparateur

  • Troubles de l’alimentation, troubles digestifs répétés 

  • Problèmes musculaires 

  • Maux de tête, migraines, acouphènes

  • Vertiges, évanouissements

  • Baisse des défenses immunitaires 

  • Palpitations cardiaques, manifestations cardio-vasculaires

Les signes et symptômes psychiques

  • Fatigue émotionnelle importante, “ vide ” intérieur, abattement

  • Sentiment de surcharge, de stress ou d’ennui au travail, sentiment d’être débordé par toute demande professionnelle ou extra-professionnelle

  • Sensation de toute puissance de pouvoir tout gérer, déni du surmenage

  • Sensation de charge mentale élevée, sentiment d’être dans le speed 24h/24 sans pourtant avoir la sensation d’avoir avancé

  • Désengagement progressif pour le travail ou à l’inverse incapacité à s’arrêter de travailler

  • Impossibilité de se détendre en dehors du travail, ne plus différencier vie professionnelle et vie personnelle

  • Humeur changeante, attitude générale pessimiste, découragement, résignation

  • Tension nerveuse, stress chronique, crises d’angoisse

  • Détachement émotionnel

  • Sentiment de perdre son identité, d’être là sans être là

  • Difficultés d’élocution

  • Perte de sens, tout semble “mission impossible’

  • Déception de soi, manque d’estime de soi, dépréciation du travail réalisé et de ses compétences

  • Culpabilité de ne pas tenir le choc et de ne pas être efficace au travail comme à la maison

  • Sensation d’être dans une spirale infernale, de perdre pied

  • Sentiment d’échec

  • Sensation de solitude

Les signes et symptômes comportementaux

  • “Horaires à rallonge” 

  • Impression de passer en “pilotage automatique”

  • Polarisation autour de sa “to do list”

  • Attitude négative détachée, dure envers les autres : collègues, famille, amis, etc

  • Non-écoute des mises en garde de l'entourage et/ou du médecin, refus de s’arrêter

  • Sur-contrôle, difficulté à déléguer

  • Sensation de ne plus rien contrôler

  • Passer d’un sujet à l’autre sans jamais clore une discussion

  • Repli sur soi, isolement

  • Abandon des activités extra-professionnelles

  • Diminution très nette des interactions sociales (amis, famille, etc)

  • Impulsivité démesurée, hostilité, agressivité

  • Diminution de l’empathie

  • Erreurs, maladresses, oublis

Dans cette trilogie de symptômes et parmi les signaux comportementaux, le verbal tient une place importante, certaines expressions, lorsqu’elles deviennent répétitives et s’inscrivent dans le temps montre un état de surmenage et de stress avancé

  • Je ne vois pas le bout du tunnel

  • Je n’en peux plus

  • Je suis en mode pilotage automatique, en mode robot

  • Je ne supporte plus rien

  • Un grain de sable dans mon organisation et tout se casse la figure

  • J’ai la boule au ventre tous les matins

  • Je n’arrête pas de pleurer sans savoir pourquoi

  • Si je craque, toute l’équipe lâche

  • Je décale mes vacances, pas le choix, trop de travail

  • Je ne sais plus pourquoi je travaille, j’ai envie de tout envoyer valser

  • Je n’arrive plus à me lever

  • Je suis vidé.e

Ces petites phrases ne sont pas à minimiser, elles traduisent une situation difficilement supportable. Que vous les prononciez même intérieurement ou que l’un de vos proches l’exprime, écoutez-les tant qu’il est encore temps !

Comme l’indique la Haute Autorité de la Santé, le burn-out peut se traduire par des manifestations plus ou moins importantes, d’installation progressive, souvent insidieuses, qui sont en rupture avec son état antérieur. L’ensemble des symptômes varie dans le temps.

Comment savoir si vous êtes proche d’un burn-out ? Faites l’échelle d’auto-évaluation de Maslach, le Maslach Burn-Out Inventory (MBI). C’est l’outil d’évaluation de référence de l’épuisement professionnel. 

En 1981, Christina Maslach et Susan Jackson ont co-développé une enquête détaillée, le MBI, afin de mesurer le degré de gravité de l’épuisement professionnel. Le MBI explore trois axes : l’épuisement, la dépersonnalisation et la réduction du sentiment d'efficacité. C’est un questionnaire gratuit et interactif, à remplir en ligne. Le but est d’être en capacité de détecter les signes avant-coureurs avant que le burn-out ne s'installe.

Cette typologie de signes annonciateurs ne remplace pas un avis médical. Il s’agit d’une liste non exhaustive de ce qu’il est possible de ressentir à l’approche d’un burn-out  ou dans une situation d’épuisement professionnel. Elle constitue un référencement pouvant vous alerter ou attirer l’attention d’un membre de votre entourage, afin de prendre des décisions adaptées. La première étape est de consulter votre médecin traitant ou le médecin du travail.

Les solutions pour prévenir l’épuisement professionnel

Le rôle de l’entourage

L’entourage a un rôle clé à jouer auprès des personnes en épuisement professionnel. Même si ces dernières semblent ne rien entendre, cela pourra les aider, petit à petit, à prendre conscience de leur situation.

L’entourage peut être en mesure de repérer des signes objectifs “tu ne dors pas bien, ta vie sociale s’est beaucoup réduite, tu t’isoles, etc”

La lecture de livres sur le burn-out ou la consultation de sites internet peut être efficace. Elle aide les personnes concernées à se reconnaître dans les témoignages des autres et dans les descriptions détaillées du burn-out. Le test MBI est également précieux pour un premier repérage. Connaître ses propres symptômes d'alerte est essentiel. “Lorsque je dépasse mes limites au travail, comment cela se manifeste-t-il dans mon corps, mon comportement ou mes émotions ?”.

Enfin, une personne en état d’épuisement professionnel se sent seule. Tout effort qui consistera à être présent pour elle se révélera finalement d’une grande utilité !

Prévenir plutôt que guérir

La première étape est d’observer et de déterminer précisément si vous êtes sur un terrain favorable à l'épuisement : quelle valeur accordez-vous au travail, à l’effort et à la persévérance ? Si votre mode de fonctionnement repose sur une attitude professionnelle exemplaire et une combativité excessive, soyez prudent.e et mettez en place des stratégies pour gérer le stress et vous décharger des tensions dans votre quotidien professionnel.

Le principe est de considérer le burn-out comme la conséquence d’un déséquilibre : trop de dépenses d’énergie et pas suffisamment de récupération d'énergie comme la satisfaction au travail, le sens, l’utilité des tâches, les challenges motivants, la vie personnelle. Il s’agit de réduire les facteurs de stress et d’augmenter les lieux de récupération et de ressources.

Les moyens sont nombreux pour réduire le stress et ils peuvent s’apprendre : méditation, sport, yoga, etc. Pour diminuer sa dépense d’énergie, il est essentiel de pouvoir réfléchir sur son rapport au travail : apprendre à dire non et à bien réfléchir avant d’accepter toute mission complémentaire, oser se poser les bonnes questions. “Est-ce à moi d’assumer cette tâche ? Ai-je intérêt à le faire ? Suis-je en capacité de le faire ?”.

S’interroger systématiquement sur la hiérarchie des tâches à accomplir et la valider avec son manager est primordiale pour se préserver. Si vous n’êtes pas en capacité de réaliser une mission, il est essentiel de pouvoir le dire et d’avoir identifié en amont les personnes que vous pouvez alerter.

D’une manière plus globale, s’assurer d’avoir mis en place des indicateurs d’alerte et des actions à mettre en place derrière permet de pouvoir stopper le mécanisme d’épuisement le plus tôt possible. Il s’agit également d’apprendre à revoir à la baisse ses exigences personnelles, cadrer les ruminations mentales, savoir demander de l’aide, avoir un bon réseau de soutien et protéger sa vie privée des soucis professionnels.

Autre élément important de la prévention : se demander régulièrement comment on équilibre les différents sphères de sa vie. Nous avons dans notre vie les sphères suivantes : 

  • La sphère professionnelle

  • La sphère familiale / les enfants

  • La sphère amoureuse / de couple

  • La sphère sociale / les amis

  • La sphère culturelle

  • La sphère physique : tout ce qui concerne notre rapport à notre corps, à notre santé et la façon dont nous prenons soin de notre corps au travers de l’exercice physique par exemple

Répartissez 100 points selon l’importance que vous accordez actuellement à chacune de ces sphères et faites cet exercice régulièrement. Cela aide à savoir où l’on est dans sa vie et si on a abandonné certains domaines au profit d’autres. Est-ce qu’il y a un déséquilibre entre les différentes sphères de votre vie ?

Il n’y a pas de réponse idéale : l’important est de prendre conscience de la façon dont vous répartissez votre énergie dans votre vie et si cela répond à vos besoins et à vos envies. Une personne peut être très satisfaite en accordant 70% de son énergie au travail. Mais est-ce toujours le cas après vingt ans de vie professionnelle ou lorsqu’on a des enfants en bas âge ? Cet exercice peut vous donner des clés pour comprendre que ce qui était vrai en début de parcours professionnel ne l’est peut-être plus aujourd’hui. Nous agissons parfois par automatisme sans vérifier si nous répondons toujours à nos valeurs et à nos véritables besoins… Des rééquilibrages sont alors nécessaires pour réinvestir toutes les sphères de votre vie.

En fonction de l’éducation que nous avons reçue, de notre représentation du monde, de notre expérience, de la culture managériale notre entreprise actuelle et dans lesquelles nous avons déjà travaillé, nous pouvons avons intégré le fait que pour réaliser nos missions, nous devons “tout” donner et “faire le maximum”, quel qu’en soit le prix. Il convient alors de nous interroger sur nos propres limites.

Pour vous aider à les respecter, voici quelques questions à se poser régulièrement, tous les 3 mois : 

  • Quelle est la place du travail dans ma vie ?

  • Jusqu’où suis-je prêt.e à aller pour mon travail ?

  • Que suis-je prêt.e à sacrifier pour répondre à ses exigences ?

    • Votre temps de sommeil ? La qualité de celui-ci ? Votre vie sociale, amicale ?

    • Le temps passé en famille ?

    • Le temps consacré à une activité qui ne soit pas utile à votre vie professionnelle mais qui vous met en joie ?

    • Votre tranquillité d’esprit ? Votre sérénité ? 

    • Votre énergie ? Votre vitalité ? Quoi d’autre ?

Il vous appartient, à vous et à personne d’autre, de définir les limites de ce qui est acceptable pour vous et de ce qui ne l’est tout simplement pas.

Certains points sont négociables. D’autres ne devraient pas l’être. Ces repères sont différents d’une personne à l’autre, en fonction de nos valeurs et de ce que vous estimez être important pour vous.

Ce sont en quelque sorte vos garde-fous, qui vous aideront à dire stop, à entrer en négociation si vous l’estimez nécessaire, à trouver des compromis ou à renoncer si la situation l’exige. Ils vous permettront de voir plus facilement quand l’équilibre est rompu et de réagir pour rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard.

Il est tout aussi fondamental d’apprendre à repérer les signes qui nous indiquent que là, précisément, on est en train de sacrifier quelque chose d’important pour nous et qu’on s’éloigne de notre équilibre. 

Aucun travail, aussi formidable, enthousiasmant, valorisant soit-il ne mérite qu’on y laisse sa santé physique, psychique ou émotionnelle !

Pour terminer, gardez à l’esprit deux choses.

La première : ne restez pas seule face à vos interrogations.

La deuxième : ayez des interlocuteurs pour réfléchir régulièrement à la place que prend le travail dans votre vie et à comment ne pas laisser le stress professionnel la gâcher.

Vous pensez avoir détecté des signes avant-coureurs ? Je vous propose d’en discuter ensemble lors d’une séance de coaching.

Source

(1). Burn-out, Le (Me) comprendre & en sortir, Marina Bourgeois